L’indice de réparabilité : l’avis des techniciens

Entretien croisé sur l’indice de réparabilité avec deux techniciens du réseau StarSav Steeve Halbeher responsable SAV chez Buzy et Peter Thomas AMT31. La notion de réparabilité remplace enfin le discours de l’obsolescence programmée, une bonne nouvelle pour la planète et l’économie circulaire. Rencontre. 

Que signifie la notion de réparabilité ? Tous les appareils électroménagers sont-ils réparables ?  

Steeve : La réparabilité est la capacité à remettre en état un appareil. 70 % des appareils sont réparables. Plutôt que l'âge de l’appareil on va prendre compte l’utilisation par exemple : un lave-vaisselle de 15 ans dans une résidence secondaire n’aura pas la même vétusté qu’un appareil de 5 ans utilisé au quotidien. Acheter un nouveau produit n’est souvent pas la meilleure option pour un consommateur.  

Peter : Il faut aussi prendre en compte les pièces de rechanges, leurs prix et leurs disponibilités. Evidemment, un appareil de marque de qualité sera plus intéressant à réparer car après une réparation sa durée de vie sera rallongée de plusieurs années. De plus, le prix d’une pièce d’appareil de marque ne sera pas plus cher. Nous encourageons toujours nos clients à investir dans des appareils fiables de moyenne ou haut de gamme.

Steeve HALBEHER, Responsable SAV de la station technique Buzy Electroménager à Toulouse et membre du réseau StarSav 

Au quotidien dans votre métier, conseillez-vous les consommateurs sur la réparabilité de leurs appareils ?  

Peter : Oui, je dirais même que c’est le cœur de notre métier ! Nos clients sont aussi nos voisins, nous ne sommes pas une entreprise en ligne mais bien des techniciens avec des magasins implantés dans la région depuis de nombreuses années. Notre rôle est de guider les consommateurs vers la meilleure décision. Par exemple en cas d’appareils en panne trop énergivores, il m’est arrivé de conseiller un remplacement plutôt que la réparation. 

Steeve : Nous avons un rôle d’éducation auprès des consommateurs notamment sur la bonne utilisation.  80 % des pannes sont dues à un mauvais entretien qui va endommager l’appareil. Dans le cas du lave-vaisselle, le problème récurrent est l’absence de lavage à haute température pour décrasser l’appareil. Nous essayons de diffuser l’information à nos clients et de les inciter à entretenir régulièrement avec des bons produits leurs appareils. Pour utiliser une métaphore simple, nous sommes un peu “les docteurs” des appareils. 

L’indice de réparabilité, aura-t-il un impact sur la profession de réparateur d’électroménager ?  

Steeve : Une initiative très intéressante qui s’inscrit totalement dans un contexte de prise de conscience écologique. Réparer son électroménager est une action simple que chacun peut faire pour la planète. Nous sommes heureux d’accompagner ce mouvement au sein de Buzy ! Nous enregistrons une augmentation 18 % des interventions sur la fin d’année 2020 par rapport 2019. Dans notre métier, l’indice de réparabilité ne concerne que les lave-linges à hublots pour le moment. Toutefois, cette initiative encourage encore davantage le reflexe réparation chez les Français, c’est certain ! Les consommateurs auront plus grande visibilité sur leurs appareils et une grille de lecture sur le fonctionnement de la réparation.  

Peter : C’est une belle avancée ! Si l’indice évolue dans ce sens, il permettra de rassurer sur la fiabilité des appareils et logiquement mettra fin au discours sur l’obsolescence programmée qui pousse au remplacement. Pour nous, au quotidien ce n’est pas un grand changement pour l’instant. Nous n’avons pas assez de recul pour identifier l’impact sur le métier. En tout cas, cela nous rassure sur l’avenir de la profession.  

Peter Thomas, Responsable de la station technique AMT31 situé à situé à Grenade sur l’Adour 40270 et intervenant dans les Landes, membre du réseau StarSav 

Justement, l’indice de réparabilité encourage à penser à l’avenir, la formation est au cœur de l’actualité en ce moment, avez-vous des jeunes en formation dans vos ateliers ?  

Steeve : Nous avons 3 jeunes techniciens en CDI. La transmission fait partie intégrante de notre métier. Nous avons formé deux techniciens à la sortie de l’école après un Bac Pro terrain et le troisième est en reconversion. Ils sont au sein de l’entreprise depuis bientôt 1 an et demi et ils évoluent très bien dans l’environnement.  

Peter : J’ai une structure plus petite que Steeve avec un périmètre d’intervention très large qui m’oblige à faire des horaires difficiles à faire tenir à un jeune apprenti. Toutefois, j’ai réellement envie de contribuer à cet élan de la profession en formant à mon tour la relève ! Nous sommes fiers que notre métier soit, enfin, reconnu par l’ensemble des institutions et de la population. 

Vous souhaitez prendre rendez-vous avec un technicien ?